Gérard Lanvin

Ce fils de cheminot résistant, qui voulait intégrer l’école de la marine marchande du Havre a été « mis » à quatorze ans dans le bâtiment. Il voulait être parachutiste sur les traces de son frère tombé à Kobang sur la route coloniale numéro quatre, et s’est retrouvé deuxième classe à Compiègne, à désamorcer les plastiquages de l’OAS, quand elle n’oubliait pas la Magneto ! Encouragé à faire de la boxe par le père son copain, monsieur Perez, juge arbitre national, il a été demi-finaliste à deux reprises des Championnats de Paris et a disputé les Championnats militaires dans la catégorie de Diasquet, Di Benedetto et Jo Gonzales en 1962, dans la catégorie des super-welters.
Il a fini sa carrière amateur à Saint-Quentin par un « non combat » face à Struzyk. Ce dernier est redescendu du ring sans combattre, pour avoir vu son combat une semaine avant, à Compiègne, contre Robert Peuple. Ce docker de Dunkerque se présentait avec 30 combats dont 29 victoires par KO. « J’étais pas d’accord avec la décision d’un match nul, alors là… j’ai toussé et mon entraineur monsieur Paget aussi, même s’il était soulagé car je n’avais pas été mis KO. Il m’a même félicité en me disant : c’est bien, tu as tenu le coup ! J’avais dû prendre 3 coups en 6 rounds, alors que mon adversaire en avait pris des dizaines. Heureusement qu’il était fausse garde. J’aimais bien les prendre, car j’étais très vite de bras et je les mettais en défaut. C’est à dire que lorsqu’ils amorçaient leur crochet gauche, ma droite en contre allait beaucoup plus vite et c’était terminé. Il avait pris beaucoup de coups au menton, car il laissait ses bras croisés pour protéger son foie et son estomac. (La fédération lui a ensuite retiré sa licence car il prenait trop de coups). Il m’a donné un coup sous la ceinture. En constatant l’hématome dans les vestiaires, l’arbitre m’a dit que si il l’avait vu, il l’aurait disqualifié, mais je préfère avoir fait match nul que de gagner par disqualification » !
il n’a pas voulu se coucher devant Marcel Cerdan junior, lors d’un combat arrangé par monsieur Philippi. Alors il a été remplacé quelques semaines plus tard par un dénommé Petit de Crépy-en-Valois et le lendemain dans « L’Oise matin » on pouvait lire : le crochet gauche du bombardier marocain a encore frappé! ».
Il n’a jamais voulu entendre parler de boxe professionnelle. Le lendemain de son dernier combat, il « mettait en route à travailler » un jour férié, comme conducteur d’engin, douze heures par jour, pour la construction de l’autoroute du nord. Cinq mois plus tard il se mariait et se mettait à son compte comme maçon à Jaux. C’est devenu un spécialiste reconnu de l’architecture vernaculaire, après avoir été, un moment, le président du club de boxe de Thourotte.